mercredi 12 août 2009

La carte heuristique, un outil pédagogique

Il y a une dizaine d’années, pour quelques uns de mes élèves de CM1, les résultats aux évaluations dans les matières de découverte du monde étaient très insuffisants. Je passais de plus en plus de temps pour préparer mes cours, cherchant toujours le petit plus qui parviendrait à les intéresser.
Je me rappelle des mises en scène spectaculaires en histoire, des expériences en sciences… du plan du cours clairement noté sur le côté gauche du tableau, des mots-clés écrits en rouge en colonne sur la droite… et bien sûr de la fameuse trace écrite qui se devait d’être rédigée par les élèves eux-mêmes… Rien n’y faisait : le jour de l’évaluation, l’essentiel semblait s’être évaporé.
Et puis un jour, sur une copie d'élève...

Et puis un jour, sur une copie d’élève... le siège d’Alésia est devenu «Alésia est morte sur sa chaise». Il était grand temps de trouver autre chose.
J’ai donc pris l’habitude, notamment lors des séances d’histoire, d’utiliser le centre de mon tableau pour réaliser un schéma, certaine que cette nouvelle façon de faire aurait son petit effet. Mais, très « cerveau gauche », cela me demandait un réel effort. Le schéma s’élaborait néanmoins au fur et à mesure de la séance, les branches se déployaient, agrémentées des couleurs des craies à ma disposition, de petits dessins et d’illustrations scotchées, les liens se créaient entre les mots-clés. Je ne me retrouvais tellement pas dans cette façon de présenter les informations… qu’il m’est arrivé de perdre le fil de mes idées et d’être sauvée par ma fiche de préparation.

Enfin, je réalisais des cartes heuristiques - sans même savoir que cela existait et portait un nom – et c’était très éloigné de ma manière de penser. Les images et les couleurs me perturbaient même. J’étais sur le point d’abandonner, je cherchais autre chose.

C’est alors que Stéphane, l’auteur d’ «Alésia est morte sur sa chaise» a levé la main : «Madame, vraiment, vous dessinez bien !» Et à d’autres élèves de renchérir : «On peut le recopier, Madame, le dessin ?» «On peut faire aussi les petits dessins, comme vous ?» «On peut utiliser d’autres couleurs ?» «On peut avoir les images en petit pour les coller ?» Les questions fusaient.
Grand moment de bonheur, non pas pour cette reconnaissance de mes talents de dessinateur… que nous laisserons très objectivement à leur juste valeur…, mais bien parce que j’avais réussi à susciter l’intérêt, la motivation.
Une feuille au format A3, des crayons de couleurs, des feutres… et chacun s’est mis au travail.
Quelques semaines plus tard, j’ai cessé de réaliser le schéma au tableau, proposant à ceux qui le souhaitaient d’avoir sur leur table feuilles et crayons et de construire progressivement leur carte personnelle, sans jamais l’imposer (eu égard à mes propres difficultés pour élaborer les cartes).

Quelques élèves ont ainsi adopté cet outil, réalisant des cartes de plus en plus élaborées, parfois de véritables œuvres d’art dont j’étais admirative. En fin de séance, un élève volontaire venait présenter sa carte, faisant ainsi bénéficier à tous d’un résumé souvent très complet de la leçon. La compréhension, la mémorisation et la restitution en ont été nettement améliorées.

Depuis, je m’entraîne au Mind Mapping… histoire de réveiller mon hémisphère droit quelque peu endormi. Mes cartes restent cependant très sobres, linéaires, ordonnées. Les couleurs et les images ne me sont d’aucune aide. J’ai découvert et « essayé » peu à peu les différents logiciels gratuits, chacun semble avoir ses intérêts et ses limites. J’apprécie Cmap Tools, mais je regrette qu’il ne permette pas de plier / déplier les branches.
Les avantages des logiciels ne doivent cependant pas faire oublier l’efficacité certaine de la carte manuelle qui favorise l’émergence des idées, la structuration de la pensée et la mémorisation des informations.

Pour ma part, je souhaitais élaborer une carte heuristique autour de l’idée centrale «La carte heuristique : un outil pédagogique». Je pensais avoir les idées claires. J’ai donc démarré ma carte avec XMind… et abandonné. J’ai refait un essai quelques jours plus tard avec FreeMind… et abandonné. Impossible de structurer mes idées et de traduire correctement ma pensée. Je me suis alors tournée vers la méthode papier-crayon (une feuille, un crayon de bois, une gomme et deux feutres « fluo » me suffisent) et j’ai réalisé ma carte sans souci, les idées arrivant naturellement jusqu’à la pointe du crayon dans une organisation sur la feuille fidèle à mon raisonnement. Enfin, le « sans souci » ne s’applique pas au côté pratique de l’exercice… Ayant mal géré l’espace mis à ma disposition, il m’a fallu scotcher deux morceaux de feuilles. De plus, compte tenu de la qualité de mon écriture (surtout quand je réfléchis !), le résultat esthétique laissait grandement à désirer, la carte ne pourrait servir qu’à moi-même.

Retour sur l’ordinateur. J’ai ouvert Cmap Tools, décidée à simplement «recopier la carte au propre» dans le but de pouvoir la partager. A ma grande surprise, je l’ai rapidement reconstruite, presque de mémoire, avec juste quelques coups d’œil sur la feuille afin d’éviter les oublis.
En conclusion, la carte heuristique réalisée à la main est un outil formidable de structuration de la pensée, d’organisation des idées et d’aide à la mémorisation.

Mais je reviens à mon sujet, aux questions qui m’ont amenée à rédiger ce billet.
Comment présenter le Mind Mapping aux enseignant(e)s qui ne connaissent pas cet outil ?
Quel est l’intérêt de la carte heuristique à l’école ?

Un essai de réponse en cliquant sur l’image…

2 commentaires:

  1. Bonjour,

    Bravo pour votre travail auprès des élèves.
    Petite précision, votre carte n'est pas une carte heuristique mais une carte conceptuelle.
    Elle a été théorisée par Novak dans son livre How to learn.
    Vous trouverez plus de précisions sur mon blog :
    www.collectivitenumerique.fr
    Au plaisir d'échanger avec vous
    Xavier

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour Xavier,

    Merci pour ces précisions qui me permettent d'avancer.
    Il est bien difficile de s'y retrouver dans tout ce vocabulaire. Je découvre tous les jours, et ... je suis ravie d'avoir encore beaucoup à apprendre!
    D'ailleurs, je viens de découvrir un mot tout nouveau pour moi sur votre blog, le clustering...
    Bon, il va falloir y aller doucement si l'on veut que je suive!!!
    C'est décidé, cela fera l'objet de mon prochain billet.
    Encore merci,
    Hélène

    RépondreSupprimer